6 mars : Les femmes et les hommes ont les mêmes opportunités de carrière, surtout dans le public et en éducation. Les femmes accèdent comme les hommes aux postes les plus élevés.

Vraiment ?
Examinons cette question point par point.

En septembre 2022, 4 recteurs d’académie sur 10 sont des femmes.

La liste des recteurs et rectrices des régions académiques est composée de 8 hommes et 5 femmes.
La liste des recteurs et rectrices d’académie est plus déséquilibrée : 21 hommes et 14 femmes.

Visuel page 51 – sources. Pour les consulter >>> ICI

Ce déséquilibre n’est pas toujours présent. En janvier 2021, 18 hommes et 17 femmes étaient en poste.


Le plafond de verre rend difficile l’accès des femmes aux plus hautes positions hiérarchiques en entreprise comme dans la fonction publique.


Savez-vous que

1) la représentation des femmes aux plus hautes positions est influencée par la voie d’accès ? Elles sont plus choisies par voie d’élection et moins choisies par voie de nomination.

Sources : esr.gouv.fr « Vers l’égalité femmes-hommes ? Chiffres clés 2022« . Pour les consulter >>> ICI


Savez-vous que 2) en 2000, une mission égalité filles-garçons a été créée dans chaque rectorat d’académie.

7 mars : Les filles réussissent mieux à l’école et même à l’université, alors pourquoi s’intéresser encore aux filles ?


– Oui, pourquoi ?
Examinons cette question point par point.

Les taux de réussite scolaire des filles au DNB, au Baccalauréat et aux diplômes de master sont supérieurs à ceux des garçons : DNB + 7%, Baccalauréat + 10%, master + 9%.
Pourtant, elles ont un taux d’insertion dans l’emploi inférieur à niveau de diplôme égal : – 7% pour le niveau master.

Source : DEPP (2022). Filles et garçons sur le chemin de l’égalité. De l’école à l’enseignement supérieur. Paris. Pour les consulter >>> ICI

La part des filles s’est accrue dans les disciplines scientifiques mais elle reste faible dans les métiers de l’ingénierie et du numérique. Dans les voies professionnelles et technologiques elles s’orientent vers les spécialités de santé et social quand les garçons choisissent des spécialités industrielles. En voie professionnelle, elles sont moins nombreuses que les garçons à opter pour l’apprentissage : -14%. En voie générale, elles choisissent moins les spécialités mathématiques.
Ces caractéristiques sont aussi présentes dans les autres pays européens.

La réussite scolaire des filles a favorisé leur entrée dans des secteurs professionnels comme la médecine ou la magistrature, secteurs aujourd’hui largement féminins.
Source : Odry Dominique (2021). L’orientation scolaire et le genre. L’orientation dans le système éducatif, 71-82. Pour les consulter >>> ICI

L’orientation est l’un des piliers de l’égalité entre les sexes en éducation et en formation.

Savez-vous que 1) : la maîtrise disciplinaire en mathématiques des filles chute durant leur scolarité.

Niveau de scolarité Maîtrise en françaisMaîtrise en mathématiques
Entrée en CPFilles maîtrise supérieure aux garçonsFilles maîtrise similaires aux garçons
Entrée en CE1Filles maîtrise supérieure aux garçonsFilles maîtrise inférieure aux garçons
Sortie élémentaireFilles maîtrise supérieure aux garçons
+12 points
Filles maîtrise inférieure aux garçons
-7 points tests nationaux
-13 points TIMSS CM1
Entrée en secondeFilles maîtrise supérieure aux garçons
*Tbm= + 6 %
*Mf= – 2 %
Filles maîtrise inférieure aux garçons
*Tbm= – 6 %
*Mf= + 5 %
*Tbm = très bonne maîtrise *Mf= maîtrise fragile

Source : DEPP (2022). Filles et garçons sur le chemin de l’égalité. De l’école à l’enseignement supérieur. Paris. Pour consulter >>> ICI

Savez-vous que

2) Alors que les filles ont des parcours scolaires de qualité, elles se projettent dans un avenir professionnel moins ouvert et moins ambitieux que les garçons.
Source : Collet Isabelle (2017). L’école apprend-elle l’égalité entre les filles et les garçons ? L’école et la ville, 25. Pour consulter >>> ICI

Bonus : En Finlande, les filles réussissent mieux que les garçons en mathématiques
TIMSS 4ème Finlandaises + 4 points que finlandais et + 24 points que français + 33 points que françaises

8 mars : Journée internationale des droits des femmes

Ni fête ni hommage, le 8 mars est une journée de lutte pour les droits des femmes.

60 millions de filles dans le monde n’ont pas accès à l’enseignement primaire.
2/3 des 960 millions d’analphabètes adultes de la population mondiale sont des femmes.
« L’égalité des sexes est une vision commune de la justice sociale et des droits humains. Chacun a le devoir d’agir (…). Nous devons profiter de toutes les possibilités qui existent aux niveaux national, régional et international, et donner un nouvel élan à l’instauration de l’égalité des sexes, de l’autonomisation des femmes et de l’exercice par les femmes et les filles de leurs droits humains ». (Phumzile Mlambo-Ngcuka, ONU Femmes, page 11)

En 1995, 189 États réunis en Chine, à Beijing, ont adopté une Déclaration et un Programme d’action communs (United Nations 1995).
Vingt ans plus tard, l’ONU a souhaité réaffirmer ce programme d’action et renouveler son engagement à l’exécuter dans son intégralité pour faire face aux forces qui érodent toujours les droits des femmes et des filles dans le monde.
En 2015, « 20 ans après l’adoption du Programme d’action, aucun pays n’a instauré l’égalité pour les femmes et les filles, et les niveaux d’inégalités entre les femmes et les hommes restent élevés ». (page 10).

Ce programme d’action dont la visée générale est l’autonomisation des femmes, couvre 12 sujets de préoccupation essentiels dont l’éducation et les formations. Pour chaque sujet, des objectifs stratégiques sont identifiés et des mesures d’application y sont associées.

Points clés des discriminations envers les filles pour l’éducation :

  • Corvées ménagères, obligations domestiques
  • Mariages et grossesses précoces, harcèlement sexuel
  • Manque d’établissements scolaires équipés et d’accès faciles
  • Caractère inapproprié et sexiste des matériels didactiques et d’enseignement

Favoriser l’éducation tout au long de la vie par l’enseignement classique et les formes non institutionnelles d’apprentissage

Questionner les programmes scolaires et le matériel pédagogique qui demeurent empreints de préjugés sexistes et renforcent les rôles féminins et masculins traditionnels

Former les éducateurs à tous les niveaux car les comportements discriminatoires sapent la confiance en soi des filles.
L’absence d’éducation en matière de santé sexuelle a de graves conséquences
« Éduquer un homme, c’est éduquer un individu. Éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation » James Emman Aggrey.


Savez-vous que

1) Quatre objectifs stratégiques sont déterminés dont « Mettre au point des systèmes d’enseignement et de formation non discriminatoires » pour lequel 19 mesures sont déclinées, dont :

a. Formuler des recommandations et mettre au point des programmes, des manuels scolaires et du matériel didactique exempts de stéréotypes sexuels, à tous les niveaux d’études, y compris à celui de la formation pédagogique, en association avec toutes les parties intéressées. (page 63)b. Mettre au point à l’intention des professeurs et des éducateurs des programmes de formation et du matériel pédagogique propres à les sensibiliser à la place, au rôle et à la contribution des femmes et des hommes dans la famille et la société ; promouvoir les notions d’égalité, de coopération, de respect mutuel et de partage des responsabilités entre les deux sexes dès le jardin d’enfants et mettre au point des modules éducatifs pour apprendre aux garçons à subvenir eux-mêmes à leurs besoins domestiques et à partager les responsabilités familiales et des personnes à charge. (page 63)
c. Mettre au point à l’intention des professeurs et des éducateurs des programmes d’éducation et du matériel pédagogique propres à les sensibiliser à leur propre rôle en matière d’éducation en vue de leur enseigner des stratégies efficaces pour dispenser un enseignement attentif aux besoins des femmes. (page 63)j. Élaborer des programmes d’éducation en matière de droits de l’homme qui intègrent la problématique hommes-femmes à tous les niveaux de l’enseignement, en encourageant les établissements d’enseignement supérieur à inclure dans leurs programmes, l’étude des droits fondamentaux des femmes, tels qu’ils sont énoncés dans les conventions des Nations Unies. (page 64)

Source : ONU FEMMES (2015). Déclaration et Programme d’action de Beijing. United Nations 1995. ISBN: 978-1-936291-95-3. Pour Consulter >>> ICI

Savez-vous que

2) En France, les filles ont eu le droit d’aller au collège et au lycée à partir de 1880 en créant des établissements pour filles séparés de ceux des garçons. Elles peuvent alors obtenir un « diplôme de fin d’études » (6 années d’études). Elles ne peuvent se présenter au baccalauréat qu’en candidates libres.
Source : Delcroix Céline (2021). Entretien avec Geneviève Pezeu. GEF, 5. Pour consulter >>> ICI

Pezeu Geneviève (2020). Des filles chez les garçons. L’apprentissage de la mixité. Paris : Vendémiaire.

Julie Victoire Daubié, première femme diplômée en 1861 à l’âge de 35 ans.

Source : Limédia galeries. Pour consulter >>> ICI

9 mars : Quand on enseigne, il faut penser à plein de choses : entre les programmes et les activités, heureusement les manuels aident à faire des choix pertinents.


– Vraiment ? Examinons cette question point par point

En 1979 les manuels offraient des modèles sociaux en bleu et rose (Decroux-Masson).
En 2018 les manuels d’enseignement moral et civique, discipline scolaire récemment créée, traitent de l’égalité avec conviction.
Mais 17% des personnages célèbres qui y apparaissent sont des femmes.
15% des personnalités du domaine politique sont des femmes.
Cette discipline contemporaine vise pourtant à promouvoir l’égalité citoyenne entre les sexes.
Ces résultats confortent quarante années d’études antérieures dont les effets restent attendus.
Source : Centre Hubertine Auclert. Pour consulter >>> ICI
Peut-on se satisfaire de cette faible représentativité ?

Le Centre Hubertine Auclert (Centre francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes) a mené plusieurs campagnes d’étude des manuels scolaires pour le premier et le second degré : https://www.centre-hubertine-auclert.fr/publications/1588
Une constante : la visibilité des femmes y est insuffisante et les rôles sociaux sexués y sont figés.
39% des personnages dans les livres de lecture de CP (étude 2015, 22 manuels) sont des femmes.
Les femmes sont minoritaires dans toutes les sphères où elles apparaissent, sauf dans le cadre de la parentalité et des activités domestiques, dont les pères sont absents.

20% des personnages dans les manuels de mathématiques de Terminale (étude 1012, 29 manuels) sont des femmes. Elles représentent 3,2% des personnages historiques et 28% des personnages de fiction. Les personnages féminins sont peu diversifiés et exercent dans des espaces traditionnellement féminisés.
Si le manuel est une somme de savoirs et un outil de socialisation primordial (Brugeilles et Cromer, page 17), c’est aussi un produit économique.


La visibilité des femmes dans les manuels est un levier pour faire des manuels scolaires des outils pour l’égalité entre les femmes et les hommes.


Savez-vous que

1) Annie Decroux-Masson a produit la première étude française sur les manuels scolaires en 1979 sur une sélection de manuels du niveau primaire et début du secondaire en français (grammaire, vocabulaire, lecture) et en mathématiques. Le cumul des exemples donne la force à sa démonstration de stéréotypes et de rôles sociaux qui donnent une image figée, parfois anachronique des filles et des femmes.
Source : Guillauton Noëlle (1980) Devroux-Masson, Annie. Papa lit, maman coud ; les manuels scolaires en bleu et rose. Paris : Denoël/Gonthier. Pour consulter >>> ICI

Savez-vous que

2) Carole Brugeilles et Sylvie Cromer ont réalisé en 2005, une étude similaire qui a contribué à déterminer l’importance centrale du personnage comme incarnation des représentations. Leur méthodologie a fondé les études postérieures.
Source : Brugeilles Carole et Cromer Sylvie (2005). Analyser les représentations du masculin et du féminins dans les manuels scolaires. Centre Population et Développement (CEPED). Pour consulter >>> ICI

10 mars : L’expérience des filles à l’école est souvent positive, elles y font de meilleurs parcours. Elles aiment venir à l’école.


Vraiment ? Examinons cette question point par point
90% des élèves apprécient très positivement leur établissement scolaire. Alors faut-il s’intéresser à ce qu’il s’y passe en dehors des apprentissages ? En quoi est-ce que ça concerne l’égalité ?


Les violences sexistes et sexuelles et leur corollaire de cyberviolences marquent l’expérience scolaire des élèves.

Elles concernent les filles et les garçons mais ciblent particulièrement les filles. 42,9% des filles de CM1-CM2 déclarent avoir déjà eu peur de venir à l’école (29,5% des garçons). 31,9% des filles déclarent avoir eu peur dans les toilettes de l’école (16,1% des garçons). 8,5% des filles et des garçons déclarent des embrassades forcées.
Source : Traore B. (2022). Résultats de la première enquête de climat scolaire et victimation auprès des élèves de CM1-CM2. Note d’information, 22.08. DEPP. Pour consulter >>> ICI (à venir)

Au collège, en deux mois d’expérience scolaire (septembre-octobre) 51% des filles rapportent avoir subi des insultes et moqueries sur leur apparence physique (poids/taille), leur tenue vestimentaire ou leur réputation.
25% d’entre elles a déjà renoncé à une tenue vestimentaire de peur de subir des insultes ou des moqueries.
48% des filles ont été traitées de « pute » ou « salope » dont 13% plus de 5 fois.
15% des filles ont été traitées de ces mêmes insultes sur les réseaux sociaux ciblant souvent les mêmes élèves.
14% des filles rapportent avoir subi des attouchements sexuels au collège.
10% avoir subi des attouchements intimes (embrasser, caresser, toucher les parties intimes) de force.
La consultation pornographique passe par le WEB et concerne davantage les garçons (9%).
Sources : Les violences sexistes et sexuelles s’exercent à la fois dans l’espace scolaire et en ligne. Elles sont imbriquées dans ces espaces sans laisser de répit aux victimes.
Sources : Centre Hubertine Auclert (2016). Cybersexisme chez les adolescent-e-s (12-15 ans). Étude sociologique dans les établissements franciliens de la 5ème à la 2nde. Paris : CHA.

Étude dirigée par Sigolène Couchot-Schiex et Benjamin Moignard. Pour consulter >>> ICI
et Couchot-Schiex Sigolène et Goémé Philippe (2019). Se former pour agir en milieu scolaire contre le cyberharcèlement à caractère sexiste et sexuel. Rapport de recherche. Pour consulter >>> ICI

Ces résultats témoignent de la force de la pression sociale exercée par les pairs (filles et garçons) sous la forme d’une « police du genre » qui contribue au maintien des normes de sexe et de sexualité.
Dans l’espace scolaire, les adultes contribuent au contexte sexiste et homophobes. 10% des élèves rapportent avoir entendu les adultes tenir des propos de ce type dont 7% de propos vulgaires ou inadéquats à propos de l’égalité femmes-hommes.

Un continuum des violences s’établit des plus anodines comme l’humour, les moqueries, mais pouvant aller jusqu’à des actes graves comme les violences sexuelles et jusqu’au crime de viol.

Le Haut Conseil à l’Égalité fait remarquer que les personnels sont très peu formés à l’éducation à la sexualité.
25% des écoles interrogées n’ont mis en place aucune action ou séance sur l’éducation à la sexualité malgré leur obligation légale.
Les enseignements d’éducation à la sexualité sont le plus souvent restreints à la reproduction, à la contraception, au « respect ».


L’éducation à la sexualité à l’école aborde rarement les questions de violences sexistes et sexuelles ou l’orientation sexuelle reflétant les blocages de la société sur ce sujet.

Source : HCE (2016). Rapport relatif à l’éducation à la sexualité. Répondre aux attentes des jeunes, construire une société d’égalité femmes-hommes. Rapport d’étude. Paris : HCE Pour consulter >>> ICI

Savez-vous que

1) 84% des filles de 13 ans ne savent pas représenter leur sexe alors qu’elles sont 53% à savoir représenter le sexe masculin.
Source HCE


Savez-vous que

2) L’éducation à la sexualité est une manière d’aborder l’enseignement de la sexualité et des relations interpersonnelles qui s’inscrit dans une conception globale de la santé et est un outil indispensable pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes.

Source : HCE (2016). Rapport relatif à l’éducation à la sexualité. Répondre aux attentes des jeunes, construire une société d’égalité femmes-hommes. Rapport d’étude. Paris : HCE

Sigolène Couchot-Schiex and Gabrielle Richard (2021) Cyberviolences de genre. Définir et rendre compte du cybersexisme dans les pratiques numériques adolescentes, Éducation et socialisation [Online], 62. Pour consulter >>> ICI